Tefila se retrouvait de nouveau sur les flots. Il était parti depuis plusieurs semaines maintenant. Il avait perdu le compte sans calendrier, mais il n’avait pas trop perdu le fil et se disait que cela devait faire deux semaines. Son départ de Baterilla avec les nombreuses vivres qu’il avait volé sur les différents marchés lui avait permis de partir loin de Ravenfield. Il se dirigeait vers l’Ouest, vers Aenarya, il aurait voulu se diriger vers le nord et vers Hatos, mais il aurait fallu traverser entièrement les zones maritimes avec la marine.
Il avait décidé de ne pas le faire et de se diriger vers Nur Menel. Il se ferait petit comme dans la capitale de son royaume d’origine. Sa rencontre avec Joe avait été pour le moins mouvementé avec sa blessure profonde au bras. Il l’avait laissé en s’échappant avec son bateau. Le départ de la ville avait été un soulagement, quitté la région de son enfance bien que lui laissant un pincement au cœur ne l’avait pas dérangé outre mesure.
Il y avait eu une tempête lors de son voyage. Les vagues montaient à une hauteur de cinq mètres pendant celle-ci. Les éclairs frappaient tout autour de lui et seul un miracle lui permit de s’en sortir. Sa barque avait tenu malgré la force de la mer. Il était ressorti trempé, grelottant et transi de froid, mais vivant.
C’était, il y a maintenant cinq jours de ce que notre navigateur pouvait s’en rappeler. L’épéiste était rentré dans les eux d'Aenarya depuis maintenant un moment sans qu’il ne s’en rende compte. Il put voir à l’horizon la cime d’un arbre gigantesque. C’était un signe lui montrant qu’il était bien arrivé à Ohara. Il était bien content d’être là. Il avait dû se rationner pour arriver jusqu’ici. Certes il ne s’était pas privé, mais la fin des vivres se faisait voir, il allait devoir refaire le plein à sa nouvelle destination.
Les courants étaient calmes et il ne fut pas difficile de se rendre prêt de la côte. Mais son embarcation avait subi des dégâts, il ne savait pas s’il pourrait survivre à une prochaine traversée. Il ne pouvait pas accoster dans le port de la capitale d’Aenarya. Il avait vu les avis de recherche sur sa personne à Baterilla. Depuis, il avait décidé de partir de l’alliance, il ne voulait pas se faire prendre et pour cela, il devait aller sur Nur Menel.
Il tourna pendant un long moment pour trouver une petite crique pour accoster et ne pas se faire remarquer. Après avoir vu une légère lueur au loin il remarqua un banc de sable proche de la capitale. Il se dirigea vers celle-ci en mettant le cap dans cette direction. La barque râpa sur le sable de la plage. Une pauvre jeune fille mangeait un semblant de repas. Tefila se sentit triste pour elle, il n’avait pas le sou, mais il n’avait jamais laissé quelqu’un dans le besoin.
Avant cela, il devait s’occuper de son embarcation. Il cargua les voiles et attacha le bout du cordage à l’attache en bois proche de la barre. Il prit une pomme et croqua dedans pour sa collation. La pauvre fille le regardait avec envie, la salive au bord des lèvres. Le vent souffla légèrement ébouriffant ses cheveux. Il lança une poire d’un rouge bordeaux à la demoiselle qui semblait mourir de faim en avalant sa maigre ration.
Elle l’attrapa au vol et la regarda un instant avant de mordre avec force dedans. Du jus coula le long de son menton mais elle s’en fichait. Après avoir mordu encore plusieurs fois dans le fruit elle s’essuya. Un sourire éclot sur le visage de notre navigateur. Il récupérait ses dernières affaires en glissant son sabre dans sa ceinture et attrapa le sac de victuailles et partit dans la direction de la jeune femme.
Salut, moi s’est Tefila, Tefila Thatch.
Il tendit sa main à la demoiselle, qui après l’avoir regardé un moment, la serra avec force.
Alors t’es sans le sou ? Moi aussi, tu sais. Si tu veux, je peux te montrer comment t’en sortir.
En la regardant de plus prêt, il semblait avoir déjà vu cette femme quelque part à Baterilla. Or, si elle était ici à manger sur la plage et qu’il l’avait vu là-bas, c’est qu’elle était arrivée avant lui. De plus, elle n’avait pas de quoi se payer un repas convenable comment avait-elle fait ? Ce que notre épéiste ne se rappelait pas, c’est qu’il l’avait vu sur un des nombreux avis de recherche placardé dans toute la ville.